dimanche 9 octobre 2011

Good game!

     
 Vous saisirez évidemment l'ironie obligatoire de ce titre après la victoire de l'équipe de France, mais pourtant, il y a autre chose. Cette confrontation avec notre meilleur ennemi a été l'occasion comme nous l'espérions tous de voir les nôtres enfin livrer une vrai partie de rugby. Ils l'avaient annoncé , et ils ont fait ce qu'il ont dit. Les cadres ont montré l'exemple en gagnant les duels comme Harinordoqui, auteur comme ses deux co-équipiers d'une partie de très haute volée. Mention spéciale à Bonnaire que j'aurai personnellement élu homme du match, tant sa capacité à repousser sur chaque placage tout en bloquant la balle et ralentissant les transmissions m'a impressionné tout au long de cette partie.
 L'ironie, c'est aussi que dans cette coupe du monde coupée en deux avec un tableau du nord et un tableau du sud, le jeu de mouvement ne fut pas là où on l'attendais. Les deux oppositions nordistes ont montré un jeu plus flamboyant, plus vif que les deux quart sudistes. Le nombre d'essais en témoignent aussi. L'heure de vérité sera la finale mais le tapis rouge tressé par les journalistes aux all-blacks vers ce titre qu'ils mériterait d'ailleurs, s'annonce plein d'accrocs.
  Je veux aussi revenir sur le cas Lièvremont. J'ai écrit que sa gestion humaine du groupe et les résultats qui en ont résulté étaient un échec avéré. On peut d'ailleurs le maintenir au nom de l'ennui et d'une certaine colère que certains matchs contre l'Italie ou l'Australie a pu susciter. Pourtant, après avoir cru que ces erreurs empêcheraient de voir sur le terrain une quelconque construction de jeu, je dois avouer que la libération par l'intensité que les bleus ont mise samedi a montré des ébauches intéressantes.
J'ajouterai que si l'équipe de France accède à la finale et réalise deux autres matchs pleins, il aura réussi son pari in fine en faisant mieux que ses prédécesseurs, comme Laporte par exemple qui à la suite de la victoire de Cardiff n'avait pas tenu sa ligne de conduite, autoritaire mais efficace qui consistait à composer une équipe  adapté à l'adversaire. Et il faut reconnaître que le personnage Lièvremont, après m'avoir dérouté, au point de me rallier tardivement à la masse de ses détracteurs, le mériterait. Au moment où lui même a entrevu le précipice, son attitude de mise en retrait tout en montrant l'exemple en affirmant vouloir vivre à fond ses instants, le sourire revenu dans la semaine précédant le match couperet a humblement participé au renouveau des bleus. Son sourire contrastait d'ailleurs étonnamment avec les mines guerrières des joueurs, Le transfert de responsabilité s'était fait, in extremis, certes mais fait. Je crois qu'il est juste de savoir le reconnaître. Et donc on a vu du jeu. La première demi-heure a montré les trois-quart en mouvement et le premier essai est précédé d'une belle maîtrise du rythme par nos deux n°9. Le contact de Nallet qui va au sol volontairement, la redoublée de Parra et les courses croisées ont permis à Vincent Clerc de faire parler sa vista toujours aussi exceptionnelle.
 Parra est déterminant sur les deux essais, Palisson nous a rappelé un certain Cordorniou contre ces mêmes anglais pour un essai de Pardo, qui nous avait déja fait sauter devant la télé.
  Le jeu au pied a aussi été excellent. Parra encore a su trouver une longueur étonnante, Yachvili a délivré de très bons coups de pied d'occupation, et la surprise est venu du pied droit de Mermoz, également long et pertinent en plusieurs occasions.
   La reconduction de l'équipe me parait également défendable. Tous les joueurs ont assuré, et les automatismes pourront s'affiner ainsi. On ne peut pas avoir reproché au sélectionneur de changer de joueurs tout le temps et demander qu'ils change entre ces deux matchs. La situation est très différente de 2007 ou il aurait fallu changer une équipe composée pour contrer les Blacks, épuisée, qui devait répondre à un situation totalement différente contre des anglais moins joueurs mais très physique, et aujourd'hui, avec une équipe qui doit être assez fraîche physiquement vu l'intensité moyenne et le turn-over des matchs de poule.
 Face au Pays de Galles, on doit s'attendre à une opposition plus conséquente. d'abord, il faut reconnaître que les anglais ont été assez peu inspirés, voire incohérents, et de surcroît dominés dans l'engagement. Le pays de Galles propose un jeu beaucoup plus convaincant, équilibré et cohérent. La clef sera de maîtriser le rythme en dominant la conquête, pour ralentir le jeu si besoin est, mais les Irlandais maîtres dans cet exercice s'y sont cassé les dents. Et de dominer dans l'engagement défensif comme lors du quart pour empêcher la machine galloise de s'emballer. Si ces ingrédients sont à nouveau présents, les mêmes causes devraient avoir les mêmes effets.
  Mais les bleus sont-ils capables de mettre autant d'intensité hors d'un contexte de révolte? Réponse Samedi.
 



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